Misericordia : de Lima aux capitales de la mode, 10 ans déjà

Depuis le Pérou, Misericordia a développé un projet de mode atypique qui allie création artistique et engagement social. Retour sur 10 ans de succès avec le fondateur de la marque : Aurelyen. Des bidonvilles de Lima aux concept-stores internationaux, la route aurait pu ne jamais se

faire pour Misericordia… Pourtant, la griffe est aujourd’hui présente dans 80 points de vente dans le monde. Des revendeurs fidèles dont principalement la France (Colette, le 66 Champs Elysées), le Japon (Isetan) et l’Allemagne, qui font que l’aventure Misericordia continue d’exister.

La

première marque de vêtements péruvienne internationale

C'est après un séjour au Pérou, en 2003, qu'Aurelyen décide de débuter cette aventure qui emploie aujourd'hui des personnes d'horizons différents originaires de la région. « J’ai installé l’atelier de couture Misericordia : La Cabaña de Alta Costura dans le centre de Lima à Lince, explique le fondateur. La marque s’est vraiment construite autour du développement de l’atelier et de l’équipe, avec au fil des saisons l’ouverture des sections de couture, modélisme, broderie, sérigraphie, tricot, cuir… Désormais, nous sommes une équipe de 30 personnes toutes issues de quartiers populaires, dont la plupart ont plus de cinq ans d’ancienneté. Chaque collection est le reflet de l’enrichissement de notre savoir-faire ». De fait, chaque nouvelle saison qui commence est un combat gagné contre la précarité et une proposition pour une mode différente : « tout est réalisé sur place de façon artisanale et fabriqué avec les plus belles matières et le coton bio du Pérou ». Une véritable fierté : « Misericordia est la première marque de vêtements péruvienne présente sur la scène internationale de la mode », sourit Aurelyen.

Des collaborations prestigieuses

Un ovni qui intrigue et séduit les grands de la mode comme Kris Van Assche qui, en 2008, rencontre Aurelyen à Buenos Aires. Ils sympathisent et lancent une collaboration, véritable gage de reconnaissance. Des rencontres essentielles qui permettent d’élargir la renommée de Misericordia comme avec Bernhard Willhelm, Stephan Schneider, la designer Matali Crasset, le Centre Pompidou et Christine Phung (lauréate 2013 de l’Andam) en 2014. Points communs pour toutes ces créations, les lignes reprennent à chaque fois le bleu marine, le bleu ciel, le blanc et le rouge, couleurs fétiches de la griffe.

Enfin, un autre stade est franchi à la fin de l’année 2013 avec l’ouverture de la première boutique Misericordia à Paris, rue de Charonne (11e). Aux numéros 7-9 de la rue, celle-ci côtoie de prestigieux voisins comme Isabel Marant, Sessun, April 77 ou Repetto … « Ce lieu raconte notre histoire en exposant notre collection au grand complet et tout le talent de mon équipe », souligne Aurelyen.

Quant au futur, il s’écrit au jour le jour. « Ma vie s’articule autour d’objectifs à courts termes : faire du mieux possible dans l’instant, faire des sacrifices pour trouver la sérénité … , confie Aurelyen. En revanche, ma vision est à très long terme. J’aimerai acheter un lieu plus vaste à Lima pour établir notre atelier, renforcer et faire rayonner davantage notre action au Pérou, mais aussi ouvrir d’autres boutiques en France, pour présenter notre collection dans un lieu d’échange dédiée à notre aventure ». D’un naturel plutôt optimiste, Aurelyen avoue vivre à 100% chaque moment. « J’ai démarré Misericordia sans rien connaître à la mode, ni à la confection textile, ni même au Pérou, conclue t-il. Mais je m’intéresse peu aux problèmes, je préfère dépasser la pensée sombre : La fiesta para Siempre ! » .

Céline Vautard

Photos : Aurelyen et son équipe dans l’atelier de création à Lince, Misericordia, collection A/H 2014.