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Jouy dévoile ses « indiennes »

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Le Musée de la Toile de Jouy, à partir d’un fond modeste, a su créer, depuis sa fondation en 1977, une collection de premier plan : 7000 pièces datant du XVIIIe siècle à aujourd’hui et qui témoignent du gout ardent dans le costume (mais aussi

l’ameublement) pour ces fameuse toiles monochromes à personnages. Transféré en 1991 dans un château du XIXe siècle (le château de l’Eglantine) auquel on a adjoint un bâtiment contemporain, ce musée est consacré bien entendu à l’activité de la manufacture de Jouy mais aussi à l’impression sur étoffes.

Parmi
ces étoffes, se tiennent les « Indiennes » qui sont des toiles de coton peintes et imprimées. Quelles que soient leur lieu de naissance, « Palempore » des Indes, « Kalamkari » de Perse, toiles imprimées de Nîmes, de Marseille ou de Jouy, ces toiles étaient toutes connues au XVIIIe siècle, sous le nom d’ « Indienne », en référence à leur origine lointaine.

Du 21 février au 23 juin 2013, le musée, grâce à une proposition de la Villa Rosemaine, centre d’étude et de diffusion du patrimoine textile, présentera l’exposition baptisée « Indiennes Sublime ». 200 pièces textiles (palampores, chafarcanis, courtepointes, kalamkaris) parmi lesquelles se dresseront une vingtaine de mannequins costumés de différentes époques (arlésienne du XVIIIe, marseillaise du XVIIIe, bourgeoise du XIXe, robe 1er Empire, robe Napoléon III) qui ont été réunies avec toute la passion des collectionneurs provençaux, sous la houlette de Serge Liagre.

Une excellente occasion d’approfondir ses connaissances sur ces étoffes imprimées, moins connues que les fameuses toiles de Jouy (c’est à dire des toiles monochromes à personnages) mais dont la production, pourtant était bien plus importante.

C’est aussi une passionnante leçon d’histoire. En Europe, les tissages de chanvre, de laine et de lin habillaient le peuple, les classes dominantes portaient quant à elles des velours façonnés, des brocards de soie et d’or et de riches soieries tissées.

La tradition ancestrale des toiles de coton peintes ou imprimées à la planche de bois puis pinceautées, vint de l’Orient et des Indes au XVIIe siècle : les compagnies d’importation occidentale des Indes portugaises, anglaises, hollandaises puis françaises « déballèrent » à Marseille et Lorient des produits jusqu’alors inconnus : le café, les épices, les pierres précieuses, la percale mais aussi les indiennes dont l’apparition soudaine va provoquer un puissant engouement en Angleterre et en France.

Les premières impressions françaises et anglaises furent tout d’abord de simples imitations avant de devenir, au prix d’importants efforts technologiques et esthétiques, de véritables “labels”. De grands centres d’ « indiennage » se développèrent par centaines. Les plus célèbres en France étaient à Marseille, Aix, Orange, Jouy en Josas - célèbre manufacture royale -, ainsi que Rouen, Nantes, Nîmes, Beautiran et enfin l’Alsace dont l’industrie florissante perdurera durant tout le XIXe siècle.

Photo 1 : Caraco en toile peinte, XVIIIe siècle, Indes pour la Hollande (c) Photo Gilles Martin-Raget / Villa Rosemaine
Photo 2 : Costumes « Indiennes sublimes » - (c) Photo Gilles Martin-Raget / Villa Rosemaine
Photo 3 : Palampore, vers 1825/1850, Indes pour l’exportation - (c) Photo Serge Liagre / Villa Rosemaine