Le musée des arts déco célèbre les 30 ans de sa collection de mode
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Immanquable. Du 7 avril au 14 aout, l’événement mode de l’année se déroulera au musée des arts décoratifs de Paris. Le nom de l’expo tout d’abord : Fast Foward. N’est ce pas une manière délicieuse de nous inciter à jeter un petit coup d’œil rétrospectif dans le rétroviseur à l’heure où la technologie nous pousse à rouler toujours plus vite le nez dans le guidon? Le cadre ensuite : une célébration des trente ans de la collection de ce superbe musée parisien. Le propos enfin : avoir la possibilité d’embrasser l’histoire de la mode sur plusieurs siècles puisque l’exposition « Fast Forward, trois siècles de mode » réunit 300 pièces de mode féminine, masculine et enfantine, du XVIIIe siècle (la pièce la plus ancienne de l’exposition date de 1715) à nos jours.
Un chiffre et quelques dates pour mieux comprendre: la mode aux Arts Décoratifs, c’est aujourd’hui plus de 150 000 œuvres, textiles et costumes anciens, pièces de haute couture, silhouettes emblématiques du prêt-à-porter, mais aussi accessoires de toutes sortes, assortis d’un vaste fond de dessins et complétés par des archives de créateurs incontournables, comme Elsa Schiaparelli, Madeleine Vionnet ou Cristobal Balenciaga. Ces collections - qui sont les collections nationales de référence - sont formées de la réunion de deux fonds importants : le fond du musée des Arts décoratifs, depuis sa création en 1864, et celui de l’Union française des Arts du Costume (UFAC) qui fut créé en 1948, et qui est aujourd’hui présidé par Pierre Bergé. C’est au sein de ce musée que fut fondé en 1986 - à l’initiative de Pierre Bergé, de l’industrie française du textile, et avec l’appui décisif de Jack Lang, alors ministre de la culture - le musée des arts de la mode. C’était il y a trente ans. Une date anniversaire et une aventure collective auxquelles le musée a donc voulu rendre hommage avec cette exposition qui sera présentée pour la première fois dans les espaces de la Nef.
Une frise chronologique inédite sous la DA du danseur Christopher Wheeldon
Pour nous amener à poser notre regard, à admirer et à mettre en perspective ces 300 pièces, l’exposition a adopté le parti pris d’un voyage au fil du temps, avec des scansions et des regroupements qui dessinent une frise chronologique inédite de l’histoire de la mode ; elle se propose aussi de dessiner de manière vivante l’évolution de la mode selon ses créateurs et selon ses clientes, selon ses époque. Il s’agit de faire comprendre au visiteur les biais par lesquelles la mode, au delà des techniques, des matières, du dessin, se révéle comme une histoire des attitudes et le reflet d’un art de vivre. Un art de vivre qui trouve naturellement un écho amplifié dans les autres domaines de collection du musée.
Chacun de ces « moments de mode » est donc replacé dans son contexte humain, artistique et social, en lien avec les arts du décor. Ainsi par exemple, des boiseries du XVIIIe siècle, des papiers peints panoramiques de Zuber, des dessins de Paul Iribe exaltent les Robes de Paul Poiret tandis que des portes de marqueterie de paille, imaginé par Jean- Michel Frank pour l’écrivain François Mauriac, forment une sorte d’écrin sensible aux métamorphoses des corps et de l’allure. La direction artistique de l’exposition a été confiée au danseur et chorégraphe britannique Christopher Wheeldon, qui a compté parmi les étoiles du New York City Ballet. Accompagné du scénographe Jérôme Kaplan, assisté d’Isabelle Vartan, il va veiller à injecter à la collection ainsi présentée une empreinte sensuelle et poétique. Chaque étape de l’exposition donnera ainsi lieu à une chorégraphie inédite interprétée par les danseurs de l’Opéra de Paris. La chorégraphie éclairant ainsi une silhouette, une posture, une attitude caractéristique de l’évolution sociale et artistique du corps.