L'esprit du Bauhaus souffle encore
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Créée par l’architecte Walter Gropius qui prolongeait alors les ambitions de l’architecte belge Henry Van de Velde, le Bauhaus est une école d’enseignement artistique fondée en 1919 à Weimar. Il s’agissait de rendre vie à l’habitat et à l’architecture. Le manifeste de départ était très clair : « Architectes, sculpteurs, peintres, tous nous devons retourner à l’artisanat ». Les champs d’expérimentations étaient extrêmement variés : mobilier, costumes, dessins, maquettes, peinture, danse, photographie ; le concept était directement inspiré des idées forgées par le mouvement Arts and Crafts fondé précédemment en Angleterre - mouvement pour lequel l’art se devait de répondre aux besoins de la société en abolissant la distinction entre les beaux-arts et la production artisanale. Gropius radicalisait en quelque sorte les idées du mouvement Arts and Crafts puisqu’il proclamait : « il n’existe aucune différence, quant à l’essence, entre l’artiste et l’artisan ».
Si le Bauhaus a autant marqué les esprits, c’est peut être moins pour les théories développées dans son manifeste d’origine, que pour l’extraordinaire ambiance de créativité, d’effervescence intellectuelle, de liberté d’esprit, mais aussi d’amitié que ce mouvement a su créer autour de lui. Cette école était un lieu de vie. Les conversations passaient librement de l’architecture à la philosophie, de la physique à l’organisation des chantiers de cathédrales.
A partir du 19 octobre prochain, le musée des arts décoration rendra hommage à cet esprit dans une exposition dont la fondation d’entreprise Hermès est le mécène. 900 œuvres seront exposées. « A l’image d’un étudiant, le visiteur suivra toutes les étapes de l’enseignement proposé, du cours préliminaire qui visait à briser les idées académiques aux passages dans les différents ateliers spécialisés. L’exposition prendra le parti de rendre compte des résurgences les plus contemporaines du Bauhaus. A l’invitation du musée, l’artiste Mathieu Mercier portera son regard sensible sur les créations de plasticiens, de designers, de graphistes ou créateurs de mode qui, comme lui, poursuivent l’esprit du Bauhaus. Il a guidé son choix parmi 49 artistes tous nés après 1960 et oeuvrant sans distinction entre art et art appliqué ».
Les créateurs de mode s’inspirent toujours du Bauhaus
L’héritage du Bauhaus est considérable et il continue encore aujourd’hui de faire des émules dans tous les domaines de la création. Lorsque vous interrogez un jeune créateur de mode ou de joaillerie, il y a une chance sur deux (lorsqu’il ne cite pas l’art contemporain) pour qu’il vous réponde : « je me suis inspiré du Bauhaus ». Les créateurs installés eux aussi reviennent souvent à ce mouvement. Ainsi, lors de son dernier défilé de mode masculine, Dries Van Noten a spécifiquement indiqué rendre hommage au manifeste posé par le mouvement Arts and Crafts. Une manière pour le créateur belge de signifier que ses vêtements étaient « faits » de manière artisanale et non « produits » de manière industrielle. Ce qui ne lui vaut pas que des compliments. Certains grands magasins reprochent au créateur belge des livraisons de vêtements sur lesquels les couleurs des imprimés sont inégales. « Mes artisans sont en Inde. Ce qu’ils font est jugé très prestigieux dans leur village et ils travaillent alors qu’il fait 45 dégrés. Parfois la couleur fixe moins bien à cause de la chaleur mais cela prouve justement que c’est du fait-main et c’est cela qui m’importe : la beauté du geste, la préservation d’un savoir-faire qui pourra être transmis de père en fils ». Une manière de protester contre l’état actuel de la mode. Un coup de gueule contre la consommation de masse en somme.
Crédit photo : copie d’écran dossier de presse des Arts décoratifs.