Cuir : les français préfèrent les produits venus du Vietnam et de l’Italie
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Les fabricants français se sont clairement positionnés sur le haut de gamme et le luxe depuis plusieurs années. Ils ont raison car le savoir-faire français, qui représente une certaine éthique sociale et un gage de qualité, est plébiscité dans le monde entier (voir notre article : Cuir: le savoir-faire français reste une référence à l’étranger). Ce savoir-faire n’est cependant pas accessible à toutes les bourses et les consommateurs français, qui aiment le made in France mais n’ont pas forcement les moyens de se l’offrir, se sont orientés vers des produits plus abordables, mais néanmoins de bonne facture.
Aussi, pour répondre à cette demande intérieure, la France a augmenté ses importations. Celles-ci se caractérisent – c’est assez récent - par une montée en gamme des produits. Ce que confirme Frank Boehly, Président du Conseil National du Cuir : « Sur le marché français, on constate une demande des consommateurs pour des produits de meilleure qualité́. On assiste aujourd’hui à une montée en gamme des produits importés. Quant à la production française d’articles en cuir, notre pays est apprécié́ depuis longtemps pour son savoir–faire sur le marché mondial du luxe et se maintient à la quatrième place pour les exportations avec un chiffre d’affaires de 9,3 milliards d’euros réalisés en 2015. Chiffre qui sera probablement dépassé́ en 2016. »
La chine en recul au profit du Vietnam
Le grand perdant dans cette nouvelle configuration, c’est la Chine. Les importations de sacs à main chinois, soit 40,2 millions de pièces pour un montant de 265 millions d’euros, ont reculé de 2 pour cent en volume et de 5 pour cent en valeur. La France a importé 900 000 sacs à main chinois de moins. Mais seuls 5 pour cent des sacs à main chinois importés sont en cuir. Au cours des trois premiers trimestres de 2016, la France a importé 213,5 millions de paires de chaussures chinoises, contre 231 sur la même période de l’année dernière, ce qui correspond à une baisse de 8 pour cent. Les importations de gants en cuir chinois ont également connu un recul de 5 pour cent, ce qui correspond à 3,8 millions de paires.
Plusieurs raisons à ce recul : la Chine a souffert de son image d’« atelier du monde », souvent associée au bas de gamme. De plus, la production chinoise a vu le coût de sa main d’œuvre augmenter chaque année au point où, d’ici à 5 ans, son coût salarial unitaire rejoindra celui des pays de l’est de la zone euro. Cette situation a alors profité aux autres pays émergents de l’Asie du Sud-Est, tel que le Vietnam où la main d’œuvre est moins chère et plus qualifiée *
Résultat : il y a deux grands gagnants dans cette bataille de l’import. Le premier, c’est le Vietnam, surtout au niveau de la chaussure. Les importations de chaussures et d’articles chaussant en provenance du Vietnam ont connu un essor important au cours des dernières années. Le montant des importations était de 483,6 millions d’euros sur l’ensemble de l’année 2013, de 618,2 en 2014 et de 874,3 en 2015. Ce qui représente une envolée de 11 pour cent. En volume, les importations de chaussures vietnamiennes se développent 12 pour cent, passant à 44,9 millions de paires, mais le prix moyen a, à l’inverse, fléchi de 15 pour cent. Ceci étant, elles restent plus chères que les chaussures chinoises car le niveau de qualité est plus élevé.
Globalement, tous articles et toutes matières confondus, une chaussure chinoise est importée au prix de 6,34 euros contre 16,93 euros pour une chaussure vietnamienne. Une chaussure à dessus cuir vietnamienne coûte 25,10 euros contre 20,78 euros pour une chaussure chinoise. En un an, le prix des chaussures à dessus cuir vietnamiennes a augmenté de 9 pour cent alors que celui des chaussures chinoises a reculé de 6 pour cent. *L’accord de libre-échange avec l’Union Européenne négocié en 2014 et signé fin 2015 a permis d’attirer plus d’investisseurs étrangers au Vietnam. Les usines vietnamiennes ont pu alors accéder aux nouvelles technologies de ces donneurs d’ordre et intégrer de nouveaux procédés de fabrication. Le Vietnam est aujourd’hui plus réputé pour être un sous-traitant qu’un fournisseur, fabricant des produits de qualité et répondant aux exigences des clients européens. *
L’autre gagnant, c’est l’Italie dont les articles en cuir sont plébiscités par les acheteurs français. Les importations en provenance d’Italie ont décollé de 10 pour cent. La tendance est à l’achat plus cher pour les produits italiens. Le prix moyen des chaussures italiennes tous articles et toutes matières confondus importées est de 41,64 euros, soit une augmentation de 8 pour cent. Les chaussures en cuir sont au prix moyen en douanes de 60,65 euros, en hausse de 6 pour cent par rapport à l’an passé. En volume, les importations de chaussures italiennes ont augmenté de 1 pour cent, ce qui représente 23,2 millions de paires. Quant aux sacs à main, la France en a importé 3,1 millions en provenance d’Italie au prix moyen en douanes de 188,49 euros, correspondant à une hausse de 9 pour cent par rapport à l’an dernier. Sur ces 3,1 millions de sacs à main importés d’Italie, 2 millions sont en cuir au prix moyen de 241,40 euros.
Rappelons que la Filière française du cuir, c’est 8000 entreprises, qui réalisent toutes ensemble 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires et qui emploient 70000 personnes salariés aussi bien dans les industries du cuir que de la tannerie-mégisserie, de la chaussure, de la maroquinerie, de la ganterie, de la distribution. Rappelons également que la filière du cuir français est l’un des leaders mondiaux de cuirs finis de veau et de peaux exotiques, le 3eme exportateurs mondial de cuirs et de peaux bruts, le 13eme exportateur de cuirs finis et le 3eme exportateur mondial d’articles de maroquinerie.
Crédit photo : conseilnationalducuir.org